Alsace et Strasbourg, XIIIe et XVe siècles
L'Alsace au XIIIe

Comme bien des associations, nous tentons de recréer les costumes, us et coutumes de notre région d'origine.
Notre période de référence se situe vers 1280, entre Vosges et Rhin, en terre alsacienne. Au Moyen Âge, l'Alsace est rattachée au Saint Empire romain germanique (après la tripartition de l'empire de Charlemagne, bien sûr !).
En 1273, Rodolphe Ier de Habsbourg est élu empereur après la période troublée de l'interrègne (1250—1273) qui a lieu suite à la mort de Frédéric II de Hohenstaufen. Accessoirement, Rodolphe était aussi landgrave de Haute Alsace, c'est-à-dire comte ou bailli suprême de la Haute-Alsace.

Cigognes du bestiaire d'Aberdeen

Même si l'Alsace relève de l'Empire, ses seigneurs n'en sont pas moins très autonomes et indisciplinés : l'empire germanique est vaste et le gouverner correctement est quasiment impossible. Les plus grands seigneurs en Alsace à la fin du XIIIe siècle sont les Eguisheim, les Habsbourg, les Rappolstein (Ribeaupierre), sans oublier les Geroldseck et autres Ochsenstein (autant de noms exotiques bien de chez nous).
L'Alsace se voit donc dirigée par des seigneurs et des villes plus ou moins cupides. Une grande différence avec le royaume français, c'est qu'en Alsace, très tôt, plusieurs villes s'émancipent de la tutelle seigneuriale grâce aux divers empereurs successifs.


Cela dit, si les seigneurs brigands sont assez nombreux, les villes libres ne valent souvent pas mieux puisque plus d'une cité s'est révoltée contre son empereur (Colmar en 1293, appuyée dans sa lutte par le sire de Rappolstein), et bien des bourgeois sont partis mener des actions de guérilla contre les seigneurs, ravageant les contrées traversées aussi bien que le ferait un noble.


Château de l'Ortenberg
Château de l'Ortenberg
avec son donjon et le mur bouclier

Il faut donc tenir compte de trois puissances militaires en Alsace : les seigneurs laïcs (comme partout), les villes libres avec leur milice, mais aussi les seigneurs ecclésiastiques. En effet, les évêques alsaciens sont réputés pour manier plus souvent l'épée que la crosse, et dispenser plus souvent l'extrême onction que la bénédiction, à l'image de l'évêque de Strasbourg Conrad de Lichtenberg, qui a guerroyé toute sa vie, et qui mourra les armes à la main en 1299 en assiégeant une cité forte.
Les petits religieux ne sont pas en reste, puisque les abbés ou parfois même les simples clercs et moines peuvent être appelés à prendre les armes.


Illustration de bretzel
Hortus Deliciarum, 1190

Quant aux aspects matériels, l'Alsace est une région très particulière : comptant au XIIIe siècle sans doute près de 300 châteaux de toutes tailles (contre 520 actuellement), quasiment chaque sommet vosgien possédait le sien, sans compter tous ceux construits dans la plaine. En grès rose ou en granit (respectivement 2/3 et 1/3), ces châteaux ne sont pas très grands, même si beaucoup seront agrandis aux siècles suivants, mais ils ont une architecture très particulière, à nulle autre semblable. Pour bien s'en rendre compte : venez visiter l'Alsace !


Les costumes et accessoires sont souvent aussi propres à la région : ainsi les bretzels (biscuits salés) si typiques sont-ils apparus dès le XIIe siècle.


Noeud de ceinture

Les baudriers soutenant les épées sont aussi très particuliers en terre d'Empire, Alsace comprise : les attaches ne se font pas avec des boucles, mais avec des noeuds. Enfin, un modèle de couteau très particulier, la dague à doubles couillelles, ressemblant à celle dite à couillelles ou à rognons du XVe siècle, est un modèle propre à l'Alsace entre la fin du XIIIe et le début du XIVe siècle.

Texte d'Olivier Binder, mis à jour le 22/08/2003